Point de départ: l'énumération. A l'arrivée: un beau voyage... Photo de l'auteure.
Dans mon camion
Les yeux rouges sur la route
Clignent aux ralentissements
Imprévus
L’autoroute chargée
Remplit déjà le voyage
Les touristes se ruent vers des buts précis,
Aucun croisement n’est possible
Mais des rêves …
Dans chaque habitacle
Nos deux vacanciers avaient préparé
Dans leur bagage
De quoi se libérer :
Pas de sac de voyage
Pas de valise à glisser
Pas de réservation à prendre
Pas d’hôtels à choisir
Pas de chemins forcés
Pas d’heure imposée
pas pas pas
Cent pas !
Ils ont pris un camion
A aménager
Pas à pas.
Dans ce camion il y a :
Des planches de bois allongées
Un matelas blanc dense
Pour faire valser d’envie les cauchemars,
Des caisses de soutien remplies de tout et de rien
En vrac,
Trois places pour deux
Un climatiseur
24 litres d’eau pour les premières douches,
Un gros bidon vide de 25 litres à remplir
Dans les nombreuses fontaines italiennes,
Un étendoir traversant la cabine
Improvisée,
Des accoudoirs
Bras offerts soutenant le corps fatigué
Parfois
Des conducteurs qui alternent.
Longue longue route
Serpentée
Descendante
Plongeante
Offrant son ventre 150 fois
Sans souffrir.
Les ventres des montagnes
Traversées
Sont percées de trous profonds
Dans lesquelles
Le camion roule
A la queue leu leu
Avec le reste des touristes
Inconnus.
Dans les caisses du camion qui soutiennent deux planches pour un lit improvisé,
De multiples objets
Contenant la vie :
Une caisse à petit déjeuner.
Dans cette caisse à PDJ il y a :
Un réchaud bleu des années 90,
Deux verres à vins
Des couverts pour deux,
Une brioche
Du café pas italien
Mais colombien,
Une boite à sucre blanc,
Deux tasses de camping,
Une petite nappe à déplier,
Des allumettes,
Deux boites de conserves
Au cas où,
Un couteau suisse
Pour les belles tomates du pique nique.
Dans la caisse bleue d’à côté il y a :
Les chaussures
Du matin
Du soir,
Celles pour la douche et celle pour grimper
Les hauts villages perchés
Vers les Eglises qui poussent de terre.
Italie, ils viennent te chercher
Des caisses et des caisses encore :
Une autre pour le linge propre
Servant à faire valser les vagues
Si la mer se rapproche d’eux,
Du linge pour dormir et chauffer les nuits incertaines
Des serviettes de bain, de douche,
Un paréo
Des chaussettes
Un bon pull en laine
Rouge pour lui
Gris pour elle,
Un foulard
Du linge, du linge du linge
Sale dans une autre caisse.
Sans importance.
La caisse rouge musicale :
30 Cds,
Celle qui porte les émotions
A réveiller,
Celle qui construit les souvenirs
Par les oreilles
Sur la route.
La caisse de livres :
Lourde,
Qui n’a pas bougé.
La caisse Vrac
Indéfinie
Infinie
L’anti moustique
Le savon
Les lampes de poches
Les sandaus, ça peut servir
Une boite vide, aussi
Des achats
La crème solaire, du shampoing
Une brosse à cheveu
Bla Bla Bla.
Plus tard cette maison-camion
Reviendra avec des caisses et des caisses remplies de souvenirs
Construits pas à pas.
Des pas ocres
Des pas terre de Sienne
Des pas penchés, titubant d’euphorie
Des pas chauds
Des pas Spezzia
Des pas Marina
Di Pisa
Des pas Toscans
Des pas rieurs.