Piste d'écriture: insérer dans votre texte une réplique de cinéma, ici, du film Inception de Christopher Nolan,

- Vite ! Embrasse-moi.
- Ils nous regardent encore.
- Qui ne tente rien n’a rien.

Qui ne tente rien n'a rien

 

« Samedi Bernard, samedi prochain vers 18 heures, votre dame est bien sur invitée et vos enfants ; vous avez des enfants ?

-       Euh, non, pas encore monsieur le directeur

-       Ah ça viendra, je compte sur vous et sur votre épouse n'est ce pas ?et cette fois, ne me dites pas qu'elle travaille encore de nuit! Vous avez peur que je vous la vole? Alors je compte sur vous hein ?

-       D'accord, monsieur le directeur, samedi 18 heures »

 

Bernard sélectionne un café au distributeur, on est jeudi, il faut faire vite :

« Allo,  Françoise ? Bonsoir

-         Bonsoir Bernard tu encore besoin de mes services !

-       Oui, je suis désolé, ce serait pour samedi, un pot dans mon entreprise. Vers 18 heures, on se débrouillera pour ne pas rester trop tard .

-       Ne t'inquiète pas mon nanard, à samedi ! »

 

Tant qu'à y être autant profiter des petits fours, Françoise a réussi à se débarrasser des regards et des compliments pour le moins tendancieux du patron, elle a même joué parfaitement le jeu : main dans la main avec Bernard, elle s'est fendue d'un baiser façon amoureuse transie, elle est rayonnante dans sa robe rouge discrètement décolletée et monsieur Gomez s'est répandu en compliments : « Quel beau couple ! Tous mes vœux de bonheur !et bla bla bla et bla bla bla ! 

-        Bon ça va maintenant, de toute façon y a plus rien à bouffer ! »

 Françoise s'éclipse entrainant Bernard :

« Ecoute Bernard, il y a deux semaines c'était ta famille, maintenant ton patron, ça suffit maintenant, assez joué, c'est la dernière fois.

-       D'accord, excuse-moi, de toute façon ça peut pas durer comme ça, tu as raison.

-       Ça veut dire quoi, qu'est-ce que tu vas faire ?

-       Je sais pas je dirai que j'ai divorcé et que je suis de nouveau célibataire, voilà

-       Tu ne crois pas que ce serait plus simple de…regarde tes copains !

-       Non, c'est une administration, je suis fonctionnaire! Je ne peux pas !

-       D'accord, comme tu voudras, bonne soirée ! »

 

Gilles est là, toujours serviable, la table est mise, ça sent bon le ragout : Bernard s'installe, Gilles le regarde, il aurait bien voulu l'embrasser mais quelque chose ne va pas: Bernard semble préoccupé, encore ses histoires de boulot. Gilles entoure de ses bras son compagnon: est ce qu'ils n'ont pas déjà gagné plusieurs guerres ensemble ? Il l'emmène sur le canapé, et le berce un peu comme un enfant : Bernard pleure doucement, sous les caresses rassurantes de Gilles qui le couvre de baisers tendrement murmurés : « On va leur montrer mon chéri, on va leur montrer… » 

 

18 heures ; Bernard sort du boulot ,la tête encore pleine de  chiffres ,de virgules, d'additions ,de soustractions : Gilles est là ,sur le trottoir d'en face , les mains dans les poches de son pardessus blanc, il attend , l'air décidé. Bernard ,interloqué , fait demi tour et prend la rue soufflet , à droite ,puis s'arrête, c'est vrai ce qu'a dit Pierre à la dernière réunion, Georges et Marcel s'aimaient, vraiment, ils avaient acheté ensemble un appartement dans le marais, cher , l'appartement! Ils l'avaient décoré avec amour, ils avaient chiné tous les brocanteurs pour le meubler, tous les bouquinistes pour recouvrir un mur entier de livres minutieusement choisis ,livres rares, manuscrits inestimables, dans le vertige de leur complicité aimante, ils se croyaient éternels, et puis quand Marcel est parti sous d'autres cieux, sa famille a réclamé l'appartement, et Georges n'a pu conserver que le livre que Marcel préférait : Electre, de Giraudoux ; dans la chambre au septième étage il a découpé et collé la dernière phrase de la pièce .

 " Comment cela s'appelle-ttil quand tout est brulé, quand tout est saccagé et que l'air pourtant se respire ?..."

Bernard fait demi tour et devant tous ses collègues traverse la route vers Gilles qui lui sourit : et l'invite :

« Vite, embrasse-moi. Ils sont tous là, ils nous regardent encore… qui ne tente rien n'a rien. »

Bernard dépose un baiser sur les lèvres de son compagnon, devant le patron médusé qui les fixe d'un air agressif.

Gilles lui rend son baiser, puis, comme deux enfants satisfaits d'une bonne blague, ils marchent la main dans la main!

 

mains_amoureuses" Comment cela s'appelle-t-il quand tout est brulé, quand tout est saccagé et que l'air pourtant se respire ?

- Demande au mendiant, il le sait.

- Cela a un très beau nom, femme Narsès, cela s'appelle l'aurore. "