Piste d'écriture: dialogue.

Du rififi à l’école

 

 

craiesTito lança de colère son sac à travers la classe. Une boîte de craies de couleurs vint, lamentablement, s’échouer contre le tableau. Le seul et unique crayon, mangé sans soin, avait à nouveau cassé sa mine. Trois feuilles de mandalas chiffonnées rejoignirent le restant des trésors : une plume de pigeon ramassée avant de rentrer à l’école.

-       J’veu ialler, j’veu ialler ! criait à tue-tête Tito, devant la foule de bambins rangés dans le couloir.

Depuis son arrivée et l’installation de la famille dans une caravane près de l’école, Tito fréquentait celle-ci avec parcimonie. Madame Perrot, grimpée sur ses chevaux de directrice fulminait en essayant de désamorcer la révolte grandissante de ce petit gaillard hors normes.

-       Regarde-toi ! Comme tu es vilain ! Ne sais-tu pas que tu as été vraiment odieux avec les dames de la cantine. Tu es puni . . . J’en suis désolée, mais, vois-tu, on ne peut faire tout ce qu’on veut ici.

Ces paroles martelaient le crâne de ce petit bonhomme de Grande Section de Maternelle, prêt à mettre la pression pour aller s’installer devant le téléviseur et le film Kirikou, proposé par la maîtresse.

-       J’vé l’dire à mon père. I va vnir. Ta pal droit. I va tcassé la gueule ! D’abord ! C’est pa toi ma maîtresse.

Tito se débattait avec toute l’énergie dont il était capable, décochant d’alertes coups de pieds dans les tibias à peine protégés de Madame Perrot.

-       Il y a trop longtemps que ça dure ton manque d’obéissance. Ce que tu fais avec tes parents, tu ne le feras, pas ici, mon petit ami !

-       T’es bête et d’abord t’es moche. J’taime pa ! scandait Tito d’une voix émaillée de sanglots.

Madame Perrot, sûre de son autorité affirmée, ne lâchait pas prise. Tito se démenant, comme un diable, tentait le dernier assaut devant le rempart directionnel.

-       Pa juste ! D’abord, jaime pa les pinars, jen mange pa chez moi. Jsui plu for que Popeye. Jsui aussi for que mon père.

Comme pour rendre compte de sa préférence incontestée à la viande, Tito mordait, maintenant, à pleines dents, le bras dénudé de Madame Perrot.

Vraiment ça devenait problématique ces inscriptions, en cours d’année. Pourtant Tito avait hérité d’un minois extrêmement enjôleur. Une crête, couleur pomme grany, lui donnait ce petit côté acidulé, plaisant parfois, mais indigeste, comme aujourd’hui.

 

    - Alé Maîtresse ! j’srai gentil. Laisse- moi ialler !

Tito essayait une nouvelle technique d’approche, voulant faire le bisou de la paix.

-       Non, non ! Pas de chantage. Tu resteras avec moi, dans le bureau jusqu’à l’arrivée de tes parents, répliqua la directrice, ne voulant pas faillir, à aucun moment, à son rôle de justicier.

-       Ben ! Jviendrai plus.

 

Si seulement, c’était vrai ! Se surprit à penser tout haut, la maîtresse de Tito qui avait gardé le silence jusque là.  Pourtant, le regard baigné de larmes du bambin l’attendrissait déjà.

 

     -   Mais non, mais non !  Tu vas voir ! On va trouver une solution !!