Ce poème a été inspiré par deux vers de Vénus Khoury-Ghata: les mots inversés ont le vertige /l’encre perturbée caille comme un mauvais lait
Les mots inversés ont le vertige,
disait ma mère.
Moi, j’ai le vertige quand il faut les manier.
Comme je voudrais trouver la grâce de les aligner les uns après les autres
dans une encre verte,
vert, couleur de l’espérance,
pour pouvoir libérer sans fautes de syntaxe mes pensées,
et les égrener au gré du vent en une douce musique.
Mais la morphologie lexicale est si complexe,
Qu’elle glisse entre mes doigts, à mon grand désespoir.
Malgré la difficulté de la manier,
la langue me reste un bonheur,
les mots y forment
un bouquet de suaves fragrances,
une étoile qui brille au firmament,
Et tant que Mr Alzheimer ne viendra pas me les confisquer,
je leur serai fidèle.
Comme je voudrais prendre la main
de qui n’a pas dit mot,
par peur d’être privé de liberté,
et s’en est allé, muet, dans l’inconnu.
Comme je voudrais ouvrir les mots
pour ceux qui ne voient que courbes et contours
dans ce qui est la beauté de la phrase,
Illettrés ou trop lettrés,
comme je voudrais leur donner le sens.
Mais je voudrais aussi
rassembler tout l’éclat des mots
pour le mettre aux pieds de ceux qui l’ignorent,
aveugles à la poésie.
Mots d’amour ou d’espérance,
moi aussi j’ai besoin d’entendre les mots doux
qui résonnent au loin,
Je voudrais les saisir
pour les serrer contre moi,
les humer à pleins poumons.
Ils sont ma raison d’être,
la résonnance de mon être…
C'est un texte plein de lumière. Bravo madame !
Marie-Christine