Comme le mimosa, duvet jaune et lumière,
En plein cœur de l'hiver, son rire éclate encore,
La secoue elle et moi,
Comme un amandier bruine des éclats de ses fleurs,
Sous les coups turbulents, du mistral en bourrasque.
Dans son appartement cubique, aux meubles anguleux,
De verres et de métal, d’ailleurs, de bois précieux
Si étranger pour moi, si familier pour elle,
Trône la fleur électrique au parfum de citron.
Et je m’assieds alors, à son invitation,
Dans un canapé lourd, vaste de souvenirs
Ocre et vermillon, aux ciels comme son cœur,
Encore bleu d'hématomes, le soir virant au pourpre,
Dans le train qui m'emporte, où défilent des noms
Inconnus sans visages, auxquels on colle une image
Sépia, comme sur les photos,
Où je reconnais mon père,
Dans ces lieux habités, de palmiers, de dattiers,
De façades aveuglantes, d'hommes encadrés de burnous.
Elle conte des récits, aux accents si stridents
Comme la fleur topaze, aux accents de fêlure,
Qui jaillit des ravins. Se brise alors sa voix
Sur les récifs à vifs encore, de ces bateaux orange,
D’un océan de sable bleu comme le Sahara.
Mais au large des temps flétris et d'un autre âge,
C’est sa vie parisienne, qui restera, pour moi,
L’essence de son âme, suave et feutrée,
Comme le mot moquette, loin des pavés anciens,
Sur lesquels son enfance a claqué ses sandales.
Paul Barry
Paul a écrit cet émouvant poème durant l'atelier du samedi 18 février, en contemplant le bouquet de mimosa apporté par Roselyne de son jardin... Une "petite madeleine" odorante et fleurie.
Roselyne (qui a apporté le mimosa !)