« Raconte, ai-je dit en nous resservant du vin.

– Je t’en ai déjà parlé.

– Juste en passant. Je voudrais en savoir plus.

– Mais on n’a pas beaucoup de temps.

– A quelle heure tu dois partir, ce matin ?

– A dix heures, dix heures et demie au plus tard. »

J’ai regardé ma montre.

« Alors on a six heures devant nous.

– Mais c’est une histoire triste… comme la plupart des mariages.

– Je n’ai jamais été marié, mon père était distant, et ma mère ne donnait pas dans les grandes démonstrations d’affection. Alors, si on veut, j’ai encore un immense besoin d’amour.

– Moi aussi », a-t-elle dit en passant ses doigts dans mes cheveux.

Cet aveu partagé a flotté un instant entre nous.

« Parler jusqu’à l’aube, ai-je lancé, c’est ça, l’amour, non ? Alors raconte-moi. Je veux tout savoir. »

 

Nous avons parlé jusqu’à l’aube. Jusqu’à ce que la lumière naissante descende en cascade sur les toits au-dehors.

Isabelle, l’après-midi, Douglas Kennedy, trad. Chloé Royer, éd Belfod, 2020, Pocket  n° 18174, p 140

Nuit de mai à Paris. Sam et Isabelle ont peu de temps pour se retrouver. Lui, doit repartir pour les Etats-Unis dans quelques jours, Isabelle a ses propres engagements familiaux. Ils viennent de traverser une crise, cela les a secoués, mais également rendus plus conscients de leur attachement mutuel. Leur relation est toujours suspendue à un fil. Elle est cependant précieuse, et dans ce passage, ils souhaitent s’aventurer dans une autre forme de connaissance que celle que permet la relation amoureuse.

Le mariage dont va parler Isabelle est celui de ses parents. Parce que Sam ne la presse pas de parler de sa situation actuelle, que pour une fois il ne juge pas (très amoureux, il voudrait qu’elle rompe ses liens), elle va évoquer le sien et parler d’elle, en confiance.

La situation est particulière, pour une fois ils se retrouvent la nuit, toute une nuit, et non l’après-midi comme évoqué dans le titre. Il y a une intimité, il y a une échéance, il y a eu la peur de se perdre… et ce temps suspendu, où se confier est possible, sans craindre le regard de l’autre.

Pistes d’écriture :

Poursuivez le texte, après avoir modifié ce que vous souhaitez dans ces quelques lignes. Vous pouvez parler de tout à fait autre chose que de mariage.

Créez une situation de confidence, une disponibilité, une forme d’amour ou d’amitié hors possessivité.